Dépêche 28/01
Déclaration liminaire au groupe de travail du 29 janvier 2001 sur la RTT
La CFDT qui a fait depuis des années de la réduction du temps de travail une de ses revendications centrales, ne saurait admettre que lon procède au ministère à une mise en oeuvre au rabais. C'est pourquoi elle a dès le départ posé plusieurs exigences sur la forme et sur le fond.
On a déjà eu loccasion de sexprimer sur ce sujet, mais il était clair pour la CFDT que la mise en oeuvre de la RTT devait s'accompagner dès le départ d'une réflexion sur lorganisation du travail afin daméliorer ensemble le service public et les conditions de travail des personnels. Cest pour cela que nous avions demandé une expertise externe. Il sagissait dessayer de se donner les moyens découter et de prendre en compte lexpression des personnels, sans les filtres administratifs habituels. Au vu des discussions que nous avions eu autour du cahiers des charges et des expérimentations, il nous avait semblé une fois nest pas coutume que cette volonté était reprise par ladministration.
Or force est de constater quune fois de plus ou comme dhabitude les engagements ne sont pas tenus ou sont détournés et cela sur au moins 2 points.
Sur le nombre de sites dexpérience, quon soit clair et quil ny ait pas de faux procès, la CFDT ne souhaite pas forcément en limiter le nombre, ce que nous voulons cest que les moyens nécessaire pour mettre en place, suivre et surtout évaluer les expérimentations suivent et soit à la hauteur de lenjeu. Pour la CFDT, lexpérimentation de la RTT nest pas un gadget en faveur de la modernisation du ministère, ou un faire valoir pour des chefs de services locaux. La multiplication du nombre de sites, avec des services très différents sur une même résidence ne nous paraît pas compatible avec la démarche arrêtée. Il est vrai que lon a jamais défini de manière précise ce que lon entendait par la notion de « site », ce qui explique quon ait vu émerger récemment la notion de « lieux types » en complément des sites qui étaient assimilés aux départements. Au passage on peut regretter aussi quil ny ait pas eu de démarches véritablement interdirectionnelles permettant de mutualiser des expérimentations sur des structures proches.
Face à cette situation vous avez deux possibilités : soit daugmenter les moyens nécessaires au bon suivi des expérimentations, soit une solution a minima qui consisterait à avoir un suivi différencié des expérimentations, mais il est impératif que cela soit dit et quon ne nous fasse pas croire que lon pourra tout faire partout selon les spécifications du cahier des charges. En tout état de cause nous ne voulons pas dun saupoudrage qui ne serait que de la poudre aux yeux.
Ensuite sur la démarche elle-même : il nous avait semblé et le guide méthodologique vient le confirmer que les opérations devaient se dérouler dans un certain ordre ; la première phase devant être lélaboration des protocoles au plan national puis local, choix des modalités de RTT et analyse de lorganisation du travail avant la mise en oeuvre. Or dans certaines administrations notamment à la DGI les agents sont sommés de choisir sans délais leur modalité de RTT, pour une mise en oeuvre rapide selon un cadre très précis défini par ladministration centrale qui ne permet que très peu dinitiatives locales, le protocole et lanalyse étant renvoyés à des jours meilleurs. Si on rajoute à cela que lexpérimentation dans les centres des impôts doit se dérouler en période dite haute cest à dire avec le même temps de travail quactuellement, on peut légitimement se demander si on est toujours dans le cadre dune expérimentation. Ailleurs on voit apparaître des questionnaires rédigés par des chefs de services locaux sur les horaires de travail dans lesquels les agents ont le choix entre garder leurs horaires hebdomadaires actuels (38 h) ou les augmenter (39 h), les modalités de récupération étant strictement définies.
Il est donc important à ce stade de rectifier le tir tout dabord sur la méthode en ne grillant pas les étapes telles quelles ont été définies : rédaction du protocole, préparation de lexpérimentation, mise en oeuvre évaluation ; dautre part, nous voulons quun large choix de modalités de RTT (de 39 à 35 heures hebdomadaires) soit laissé aux personnels y compris avec la possibilité davoir plusieurs modalités dans un même service à partir du moment où le service public nen pâtit pas.
Nous vous demandons des réponses claires sur ces questions et que vous vous donniez les moyens de conduire une expérimentation dont lévaluation puisse être utile pour lensemble du ministère.
Cest dautant plus important que ces expérimentations avaient un autre intérêt : celui de déterminer les besoins en emplois pour compenser la RTT en tenant compte de tous les facteurs qui influent sur lorganisation du travail. Le bilan qui sera fait en mai juin doit permettre den tirer les conséquences en terme de moyens dans la loi de finances pour 2002. La réponse du ministre lors du dernier CTPM outre quelle contredit la démarche expérimentale menée au ministère est scandaleuse car elle conduit inévitablement à labandon de pans entiers de missions du ministère. Il est vrai que nous sommes habitués à entendre nos ministres tenir de grands discours sur lEtat, la noblesse du service public tout en coupant dans ses moyens. La CFDT a voulu développer sur ce sujet une démarche pragmatique, le ministre y fait une réponse dogmatique, nous en tirerons les conséquences en appelant les personnels à se mobiliser. Le comblement des vacances demplois aussi nécessaire soitil ne peut constituer une réponse à cette question.
Dernier point : lapplication restrictive du décret fonction publique. Pendant longtemps, un souci dégalité de traitement avait permis détendre les avantages sociaux que certaines catégories avaient réussi à obtenir à lensemble des salariés. Désormais, on ne parle plus que déquité et pour niveler vers le bas et rogner sur tous les avantages acquis. Aucun domaine nest épargné. Sur la RTT, au nom de cette fameuse équité cest la 6ème de semaine de congé que les fonctionnaires ont de fait, ce sont des sujétions particulières, comme le temps de transport en région parisienne, qui avaient été reconnues à un moment donné qui sont remises en cause. Pour la CFDT cette situation est inacceptable et elle demande lapplication des 35 heures hebdomadaires sans remise en cause des congés et louverture rapide sans attendre le mois de juin de discutions sur la prise en compte des sujétions particulières.