Réforme 18/00
CTPM du 7 juillet : déclaration liminaire
Il y a deux mois, dans cette même instance, la CFDT se félicitait de lannonce par le ministre de ce qui nous apparaissait devoir constituer une approche nouvelle de la modernisation du ministère et, au-delà, dun renouveau du dialogue social.
Les leçons semblaient avoir été tirées du dernier conflit, sur le fond avec le rejet clair de ladministration fiscale unique, mais aussi sur la forme, en termes de concertation, lorsque le ministre, à plusieurs reprises témoignait de son souci dune association des personnels en particulier au travers dexpérimentations réversibles sur un certain nombre de thèmes.
Nous avions dit à lépoque quexpérimentations ou pas, la CFDT restait ladversaire résolue de certaines formes dorganisation du travail et nous avions cité comme exemple les plates formes téléphoniques. Mais globalement, nous avions dit notre accord sur la méthode et souligné notre satisfaction de voir retenues des propositions de notre fédération. Je pense aux maisons de service public économique et financier, à la RTT et ses conséquences sur lorganisation du travail, ou des thèmes répondant à des préoccupations exprimées de longue date : laccueil, intranet, le compte fiscal unique et donc la définition dune architecture commune ministérielle encadrant les schémas directeurs informatiques directionnels.
Considérant lensemble de ces éléments, nos syndicats départementaux réunis à la mi-mai ont confirmé très largement la démarche qui leur était proposée dune implication sans complaisance de la CFDT dans le processus de concertation qui est amorcé.
Implication, parce quenfin, après une quête de plusieurs années dinterlocuteur sur ces questions, des éléments qui sont essentiels à lamélioration du service aux usagers, du service public (ce qui nest pas la même chose) et des conditions de travail des agents nous semblent être pris en compte dans une réflexion large et approfondie sur lorganisation du travail qui doit pour nous constituer la base de définition des moyens nécessaires à laccomplissement des missions de ce ministère.
Cest ainsi que nous avons travaillé à améliorer le texte que nous a soumis la DPMA sur lexpérimentation de la RTT et en particulier sa partie concernant lexpertise et lassistance externes en formulant des propositions précises. La plupart, dont une phase dexpertise de lorganisation du travail actuelle par une analyse de type ergonomique et des entretiens avec les agents, ont été reprises dans le dernier projet qui nous a été adressé. Sous réserve quil soit bien clair que cette phase doit intervenir en amont du processus sur les sites dexpérimentation, nous sommes vraiment très près de pouvoir affirmer notre satisfaction dune approche ouverte et conforme à la tonalité du discours du ministre.
Mais vous lavez constaté, jai beaucoup employé limparfait. Pour la raison que dans dautres domaines nous sommes très loin de retrouver la même ouverture desprit.
Dabord sur la méthode. Nous navons pas été associés au choix des thèmes dexpérimentation. Le ministre les a décidés et, je lai dit, considérant que cest un moyen comme un autre dassocier les personnels à la réforme du ministère nous sommes prêts à nous y investir. Mais sans complaisance. Ce qui veut dire que nous les refuserons là où elles seront imposées aux personnels et si des garanties ne sont pas données pour assurer leur bon déroulement.
Or il est aberrant que les personnels et en tout cas les organisations syndicales naient pas été systématiquement consultés avant lannonce des sites dexpérimentation ne serait-ce, et cest aussi votre intérêt, que pour sassurer que les agents, et pas seulement leur hiérarchie, sont prêts à y participer.
Il est tout aussi étonnant que les protocoles dexpérimentation ne fassent pas lobjet de discussions approfondies au niveau national avec les fédérations.
Que des directions locales naient toujours rien compris à ce que signifiait le conflit que nous avons vécu, quelle croient encore pouvoir se dispenser de ladhésion des personnels y compris dans une expérimentation ne nous surprend hélas pas. Nous ne comprenons pas, par contre, après les décisions du ministre que des réticences semblables soient constatées au niveau des directions générales et que le ministre et vous même ne soyez pas totalement persuadés de la nécessité impérieuse de prendre le temps de cette concertation. Notre démarche nest pas de repousser aux calendes grecques la réforme ou de jouer la montre. Elle est au contraire de se donner les moyens daboutir et pour cela de signifier à des agents qui demeurent inquiets de voir revenir par la fenêtre une réforme et une fausse concertation quils ont expulsés par la porte, que cette fois on les entendra avant quils soient en grève reconductible.
Nous vous demandons de différer la fixation des sites dexpérimentation début septembre, afin de permettre une discussion entre les personnels concernés et leur hiérarchie dune part et, dautre part dengager rapidement une véritable concertation sur les protocoles dexpérimentation. En outre, des clarifications demeurent nécessaires sur ces expérimentations et nous ne pouvons pas les renvoyer telles quelles au plan local. Cela nexclue évidemment pas des adaptations qui doivent être concertées au niveau déconcentré.
Nous vous demandons aussi quil soit tenu compte de la sujétion que représente en elle même une expérimentation et lapprentissage de tâches nouvelles, dune organisation du travail différente de celle que connaissent les agents. Là encore nous ne vous demandons pas la lune. Simplement danticiper la réduction du temps de travail pour les agents concernés. Une mesure qui se justifie aussi par le fait que nous allons expérimenter des méthodes de travail qui seront éventuellement mises en place en 2002. Ces dispositions seront dérogatoires à la mise en place des 35 heures au 1er janvier 2002 dans la fonction publique. Et alors ? Ny a-t-il pas déjà ici ou là dans la fonction publique des accords particuliers instaurant une durée du travail inférieure à 39 heures ? Et surtout, si le MEFI est, comme on lannonce par ailleurs, le laboratoire dune modernisation plus générale des administrations, est-il si difficile de justifier que ceux qui vont servir de cobayes trouvent une juste compensation dun investissement quon voudrait exemplaire ?
Voilà pour ce qui concerne lassociation des agents au processus de concertation. Mais nos inquiétudes vont au delà.
Je nen citerai quun exemple.
Dune manière ou dune autre linformatique est appelée à jouer un rôle capital dans lamélioration de la prise en charge des missions du ministère et en particulier comme support essentiel dun accueil amélioré des usagers. Dans le domaine fiscal avec le compte unique, mais aussi plus largement si les expérimentations de maisons de service public économique et financier se révèlent concluantes.
Cest pourquoi la CFDT demande depuis plusieurs années quun cadre ministériel harmonise et oriente lélaboration des schémas directeurs informatiques de chaque direction générale.
Nous croyions avoir été entendus.
Or nous avons du constater que les deux directions qui ont pourtant prouvé pendant 20 ans leur incapacité à élaborer en commun une informatique communicante, qui se sont même échinées à tout faire pour que les systèmes informatiques directionnels restent bien étanches, commencent à travailler ensemble - il est vrai que cest déjà un mieux - en déclarant, je cite «le schéma ministériel, on verra ça plus tard».
Comprenne qui pourra. Une chose est sûre encore une fois : on prend le problème à lenvers, on le limite à une partie des missions fiscales quand lenjeu est ministériel et même à une partie des directions chargées de missions fiscales. Nous somme en train, pour le moins, de perdre du temps.
Avant de conclure, je souhaite dire quelques mots sur les droits syndicaux nouveaux qui doivent accompagner un processus de réforme qui concerne le ministère dans son ensemble. Plus dinterdirectionalité pour les administrations doit signifier également une reconnaissance de lintervention syndicale interdirectionnelle. La CFDT souhaite donc quon réfléchisse à la constitution dinstance paritaires interdirectionnelles locale et quen attendant on consulte les représentants des personnels dans des groupes de travail interdirectionnels locaux. Les HMI intedirectionnelles sont un complément de cette revendication. Leur principe est acquis mais pour rentrer dans les faits elles ont besoin dêtre dotées dun contingent spécificique et les militants qui les animent doivent avoir un libre accès à tous les services de toutes les directions du MEFI. Ce nest pas tout. La multiplication des réunions instances formelles ou informelles de concertation, la nécessité daccroître la fréquence des discussions entre les agents et leurs représentants syndicaux sont une source de consommation de droits syndicaux que les enveloppes actuelles ne peuvent satisfaire. Il faut donc envisager rapidement un abondement des droits attribués aux fédérations représentatives.
Nous espérons que ce CTPM permette les clarifications nécessaires pour que les expérimentations se déroulent dans les meilleures conditions possibles. Nous voulons aussi rappeler que les principes mis en uvre dans la réforme de ministère ne doivent pas se limiter aux seules DGCP et DGI mais que la démarche dexpérimentation doit sappliquer aussi à toutes les administrations du ministère. Aucune ne doit sen exonérer comme cest le cas aujourdhui.