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Dépêche 03/04 
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Le guide de l'agent

INTERVIEW du secrétaire général FX DEWASMES

Objet :

Publication des extraits de l’interview donnée

par notre secrétaire général FX DEWASMES, le 9 janvier 2004 

 

 

 Alors c’est l’hémorragie à la CFDT douane ?

 Non, heureusement nous en sommes loin ! L’immense majorité des adhérents est en phase avec la CFDT Douane, avec l’attitude qu’elle a adoptée sur le dossier des retraites et avec son action au quotidien pour défendre les Douaniers. 

 Vous pouvez chiffrer vos pertes d’adhérents

Précisément non car l’exercice 2003 ne sera clos que le 1er avril prochain. On peut cependant tabler raisonnablement sur 5 à 6 % de départs. Il s’agit surtout de militants, pour la plupart très anciens dans l’organisation. Les départs commencent déjà à être compensés par des arrivées de nouveaux adhérents, le plus souvent jeunes. 

 Mais des sections entières vous quittent, certains ne se gênent pas d’ailleurs pour en faire la publicité ? 

 C’est vrai 3 ou 4 sections ont annoncé leur départ à des degrés variables. En tout état de cause, comme je vous le disais en avril prochain, nous pourrons y voir plus clair.

 La CFDT Douanes avait pourtant participé au mouvement de protestation sur les retraites. 

 Oui, bien sûr et même jusqu’à la fin ! Nous ne pouvions accepter le projet Fillon en tant que tel. Il faisait porter l’effort nécessaire pour résoudre le problème sur les salariés en évitant de faire participer l’ensemble des autres professions par le biais de la CSG, par exemple.

 

Alors pourquoi vous quittent-ils ?

 En fait, pour la grande majorité, ils n’ont aucun reproche à faire à la CFDT Douanes, bien au contraire. Nous avons été confortés dans nos actions par la presque totalité de nos sections lors de notre assemblée générale tenue à la fin du printemps dernier.

 Mais ils partent quand-même ! Vous ont-ils donné quelques explications sur une telle décision ?

 Oui parce qu’ils ne veulent plus militer dans une CFDT, dirigée par les responsables confédéraux actuels. En fait, ils refusent de continuer à être minoritaires dans la CFDT. La question qu’on peut se poser, c’est : seront-ils majoritaires dans leurs organisations refuges, et pourront-ils porter les revendications qu’ils avaient partagées à la CFDT ???  

C’est vrai la réponse est dans la question. Mais vous aussi, vous êtes oppositionnels à la ligne de votre confédération. 

  Tout à fait ! Mais être minoritaires et l’accepter, c’est aussi accepter les principes démocratiques que l’on exige des autres. Ce qui fait l’originalité de la CFDT c’est que même minoritaires, nous avons pu agir, et ce pratiquement sans entrave au printemps dernier !

 

 Mais certains ont essayé de s’y opposer ?

Oui des responsables de la fédération des finances refusaient que nous agissions à notre guise. Pourtant, nous avons pu vérifier grâce à eux que la démocratie interne fonctionne à la CFDT.  

 Que voulez-vous dire ?

 Tout simplement, le congrès fédéral de la CFDT Finances qui a suivi (en juin 2003) a refusé de leur renouveler sa confiance, en sanctionnant leur activité à plus de 80% des voix et en ne les réélisant pas pour le nouveau mandat qu’ils sollicitaient. 

 Il y a donc eu crise ?

 Oui et non. Oui car pendant l’action, ils se revendiquaient d’un centralisme démocratique suranné, que même François Chérèque ne revendiquait pas. Non car un congrès extraordinaire tenu en novembre dernier, a mis en place une nouvelle équipe de militants, qui a repris le flambeau, sur une ligne plus combative et à l’écoute des agents que nous partageons également à la CFDT Douanes. 

 Il y a donc des conflits au sein de la CFDT ?

 Non, sur l’essentiel, nous avons les mêmes valeurs (solidarité, défense des plus défavorisés, justice fiscale, défense prioritaire des salariés, lutte contre les méfaits d’un certain patronat) nous nous retrouvons. Parmi ces valeurs que nous défendons, il y celle du débat. Les débats sont nombreux à la CFDT et nous sommes satisfaits d’avoir une fédération qui soit capable d’exprimer son désaccord quand elle ne partage pas telle ou telle option confédérale. 

Dans le paysage syndical, vous êtes les seuls à vous exprimer de la sorte au grand jour ?

 C’est vrai, parce que la CFDT défend un syndicalisme de proposition qui tient compte du monde dans lequel nous vivons et des populations qui le compose, que ces réflexions sont menées avec la participation de tous les adhérents, et bien oui à la CFDT, on ne se cache pas ! 

 Que voulez-vous dire ?

 D’autres ont leurs débats internes, avec majorités et oppositions également. Les médias ne s’y intéressent que peu et eux se gardent bien de jouer la transparence. 

 Pouvez-vous préciser ?

 Tout à fait. Qui n’a pas manifesté au printemps 2003, avec des camarades de la CGT par exemple arborant des drapeaux calligraphiés « maintenir la CGT », en opposition avec leur majorité confédérale ? Qui peut oublier que FO est composée de plusieurs tendances et d’une grande variété de sensibilités ? 

 Alors pourquoi ne fondez-vous pas :"maintenir la CFDT" ?

 Certains s’y sont essayés après 1995, avec la création de «  tous ensembles ».Ce mouvement qui se voulait une « tendance organisée » pour la reconquête du pouvoir interne, s’est rapidement effiloché. Mais nous souhaitons toujours, par le débat et la conviction, peser sur les orientations de notre confédération. 

 Mais pourquoi tout cela au grand jour ?

 Je vous l’ai dit, la CFDT est ouverte. C’est un des moyens de progression, car il empêche le renfermement sur soi et au contraire permet l’ouverture sur les autres. Parler de démocratie, c’est bien ! la faire vivre, c’est ce vers quoi nous tendons ! 

Cela vous réussit-il ?

 Pas mal en effet, puisque tous les statisticiens s’accordent à dire que la CFDT est le syndicat qui a le plus d’adhérents! 

 Que pensez-vous de l’exploitation que certains font de vos démissions ?

 Il y a deux types de comportement possible. Quand la volonté unitaire prime, on se réjouit de voir arriver des renforts dans la discrétion. Ou alors on essaye d’exploiter le phénomène à des fins partisanes et on souligne les divisions du mouvement syndical. 

 Quelle conception avez-vous ?

 Sur les deux dernières décennies un certain nombre de militants issus d’autres organisations confédérées nous ont rejoint. Peu de monde l’a su ! 

 Vous êtes naïfs ?

 Non pas du tout. Nous pensons que les choix d’adhésion sont individuels et n’ont pas à être exploités "politiquement". 

 Pourtant vous auriez pu le faire !

 Oui, un de nos permanents nationaux actuels est issu du premier syndicat des Douanes, un candidat de nos candidats en CAPC a été secrétaire général d’une autre organisation. Nous n’en avons jamais fait état. 

 Mais cela vous porte tort !

 Moins que vous le pensez ! nous continuons à recruter et avons bon espoir qu’à court terme la balance s’équilibre. 

 Mais pourquoi ne pas en profiter et le faire savoir ? 

 Je vous le redis ce n’est pas notre déontologie.

Il n’en demeure pas moins que les campagnes électorales en CAP et à la MASSE vont être difficiles pour vous ?

 Nous comptons sur les différentes informations que nous diffusons tout au long de l’année sur notre site ou par support papier pour apporter les réponses aux questions que peuvent se poser les douaniers. Et puis, vous savez que tous nos militants et adhérents des sections de Perpignan, Chambéry et Midi-Pyrénées ne sont pas partis. Déjà, des militants ont pris la relève dans ces secteurs.

 

 Cela ressemble fort a la crise qui a débouché sur la création de Sud-douanes, disparu depuis en temps que tel, d’ailleurs?

 Non pas du tout. En 1995, il y avait eu tentative de faire disparaître la CFDT Douanes. 2003 n’a rien à voir. Les camarades qui nous ont quittés sont partis honnêtement. Nous avons d’ailleurs avec eux (hormis l’exception perpignanaise) les relations les  plus cordiales. Leur départ n’est pas l’aboutissement d’un complot. Ce qui est moins honnête, c’est l’exploitation qui est faite de leur départ, par d’autres, à des fins électoralistes. 

 Un regret ?

 Oui, bien sûr. Voir partir des camarades et même des amis ce n’est jamais réjouissant. Mais pour avancer, il faut regarder vers l’avenir et travailler avec nos nouvelles générations de militants.

Au début de cet entretien, vous parliez de débats. N’avez-vous pas vous-même une opposition interne ?

 A l’intérieur de la CFDT-Douanes, des camarades ont approuvé les positions confédérales sur les retraites Ils sont très minoritaires, mais ils acceptent la règle du jeu démocratique et se sentent bien dans nos structures. Plusieurs ont même des responsabilités nationales.

 

 Un espoir ?

 Oui, qu’au-delà des déceptions, nous gardions la confiance de ceux que nous représentons fidèlement depuis des décennies. 

 Expliquez-vous ?

 Eh bien, il est nécessaire de rappeler avant de conclure cet entretien que la CFDT Douanes a participé jusqu'au bout au mouvement social sur les retraites et qu’elle continuera d’agir sur tous les problèmes sociétaux selon les principes qu’elle défend depuis des décennies. 

 Pouvez-vous préciser vos propos ?

 Il est utile de rappeler, que ces problèmes majeurs pour la vie de l’ensemble de la population sont à l’image de l’iceberg. 

 Décidément  vous vous faites de plus en plus elliptique !

 Ce qui fait 95 % de travail de défense des douaniers est ailleurs. C’est ce que n’ont pas compris ceux qui nous ont quittés. Ils n’avaient aucune opposition avec la CFDT-Douanes, leurs divergences se situaient au niveau des responsables confédéraux. Comme je viens de vous le dire : 5% de la vie syndicale. 

 Mais 5 % importants quand même !

 Bien sûr. C’est pour cela, qu’en douanes nous ne lâchons rien sur ces problèmes. Cela méritait-il de se séparer ? L’avenir le dira. 

Un mot à ajouter ?

 Depuis trente ans, la CFDT Douanes a joué un rôle moteur dans l’élaboration et l’obtention de revendications douanières telles que la catégorie unique d’exécution, la bonification retraite, les améliorations catégorielles et indemnitaires, la reconnaissance du risque (IRTI), l’amélioration des conditions de travail. Dernièrement, nous avons été les seuls à nous présenter face à l’administration avec un contre projet sur « douane 2005 » qui détaillait l’organisation douanière que nous voulions pour 2005 mais aussi une nouvelle réflexion sur les carrières pour l’ensemble des personnels. Nous continuons à porter ce contre projet lors de toutes les réorganisations issues de douane 2005. Et c’est ce qui nous a permis de sauvegarder par exemple une quinzaine d’agents sur Marseille en surveillance.

Et l’avenir ?

Nos militants vont continuer à défendre les intérêts individuels et collectifs des personnels. Il reste un grand nombre de revendications à porter auprès des responsables administratifs et politiques. Pour cela nous avons besoin du soutien de tous les douaniers !