Dépêche 02/03
A
compter du 1er janvier 2003, cinq DSF sont en expérimentation LOLF,
conjointement aux d’autres directions locales du Minéfi. Il s’agit
des DSF du Gers, du Loiret, de la Marne, de l’Orne et de la
Seine-Maritime.
Ce groupe de travail a été réuni à la demande des organisations syndicales.
Une transparence asymétrique…
La
LOLF vise notamment à passer d’une logique de moyens à une logique
de résultats. Les crédits sont regroupés en programmes qui doivent
faire l’objet d’un « projet annuel de performances » précisant
la « présentation des actions, des coûts associés, des
objectifs poursuivis, des résultats obtenus et attendus pour les années
à venir mesurés au moyen d’indicateurs précis dont le choix est
justifié » selon les termes de l’article 51 de la Loi
organique. (*)
Cette
loi, votée à l’unanimité par l’ancienne législature (sauf
abstention du groupe communiste), vise principalement à ce que
l’ensemble des administrations rende des comptes précis au Parlement.
La légitimité de ce souci de transparence ne peut être remis en
cause. Reste à apprécier tous ses aspects, sa mise en musique et ses
conséquences sur l’exercice des missions et la gestion des
personnels.
A cet
égard, un des points importants est la fongibilité des crédits de
fonctionnement et de personnel, fongibilité dite asymétrique
puisqu’il est possible d’utiliser des crédits de personnel pour des
dépenses de fonctionnement mais non l’inverse.
Si la
LOLF est un outil de gestion, il est essentiel d’en connaître son
utilisation concrète.
Depuis
plusieurs mois la fédération des Finances CFDT demande donc une véritable
concertation. Une première réunion avec la DPMA en décembre dernier
n’a pas apporté d’éléments précis. En outre, s’agissant de la
concertation, la demande commune des fédérations CFDT et CGT de mise
en place d’une structure de concertation dédiée à la LOLF n’a pas
été retenue.
La
transparence exigée par la loi organique ne concerne visiblement pas
les personnels et les syndicats.
Pour une réforme à tâtons
La DGI a
concédé la tenue d’une réunion le 7 janvier pour exposer aux
syndicats le contenu et la portée des expérimentations LOLF. La CFDT a
d’emblée fait part de son désaccord avec la méthode de concertation.
En effet, pour les autres expérimentations, des discussions en amont ont
eu lieu pour définir notamment les protocoles.
Or, en
l’espèce, les documents fournis, s’ils précisent certains points,
apportent plus d’incertitudes qu’ils n’en résolvent.
En présence
d’expérimentations inter directionnelles, il n’est pas anormal que la
DGI n’ait pas toutes les clés, mais il s’avère que le niveau ministériel
n’est guère plus prolixe.
La réponse
de l’administration est que les expérimentations éclaireront toutes
les zones d’ombre « chemin faisant ».
En réalité,
ces expérimentations ne concernent qu’une partie de la LOLF, ce qui
peut se résumer par une modification de l’approche de la gestion des crédits
en passant d’une vision budgétaire à une vision réelle. Par exemple,
le volume des emplois d’une DSF ne sera plus comptabilisé en emploi
mais en coûts financiers réels.
Il ne s’agit donc en aucun cas de définir les missions et les programmes, éléments structurants de la LOLF. Par ailleurs, la définition locale d’objectifs et d’indicateurs n’est pas une nouveauté à la DGI, cette pratique étant, avec la DPA, bien installée, ce qui ne semble pas être le cas d’autres administrations.
La nouvelle gestion
L’essentiel
du contenu des expérimentations est décrit dans la fiche 3, « Quelles
modalités de gestion ?».
L’exercice
relève de l’art des équilibristes. Le DSF a des responsabilités très
larges, donc des marges de manœuvres à due concurrence, mais tout en
restant dans un cadre par nature défini par l’administration centrale.
Il
pourra définir la meilleure répartition de ses crédits entre les
charges de rémunération et les moyens de fonctionnement, mais le mode de
gestion des personnels n’est pas touché (recrutement, mutation, rémunération,
etc.).
Pour la
CFDT, il n’est évidemment pas question que les directeurs puissent à
leur guise se transformer en « chef d’entreprise ».
Que
va-t-il se passer concrètement ?
Un lourd
travail de comptabilisation devra être effectuer par les services de ces
DSF, sans que ceux-ci ne disposent d’une informatique adaptée. La DG
utilisera les outils actuels pour aider les DSF.
Les DSF
recevront une dotation globale de fonctionnement (DGF) qui comprendra
l’ensemble des dépenses, fonctionnement et personnel (hormis certaines
dépenses comme le capital décès). Au lieu de ne suivre aujourd’hui
que les crédits de fonctionnement (environ 20 %), ils suivront aussi ceux
des emplois (soit pratiquement 100 %), non plus en nombre d’unités,
mais en valeur financière. La dotation des crédits de personnel sera
calculée en moyenne, le suivi des crédits sera réalisé, en revanche,
en valeur réelle. Le DSF devra notamment intégrer le GVT (avancement
d’indice, mutation, fin de temps partiel, etc.) mais recevra un
abondement en cas, par exemple, d’augmentation salariale Fonction
publique. Ces aléas ne devraient pas, selon la DGI, modifier sensiblement
la masse globale selon la théorie des grands nombres, les effets positifs
annulant les négatifs. L’expérimentation est d’ailleurs là pour en
apprécier les incidences.
Il
s’agit d’une présentation comptable, une absence éventuelle de crédits
en fin d’année n’aura aucune conséquence sur la paie des agents.
Un DSF
ne pourra pas, évidemment, licencier un agent pour récupérer les crédits
correspondants et les transformer en crédits de fonctionnement, ni même
lui baisser son traitement ou ses primes en l’absence de pouvoir de
modulation.
Par
ailleurs s’agissant du volume des emplois, la CFDT a soumis un exemple
concret de la gestion d’un surnombre. Une mutation d’un cas social en
CAPN, décision de la DG déroge au droit commun et n’est pas, par
nature, prévisible. Le DSF aura une augmentation de sa masse salariale
non dotée initialement. Réponse de l’administration : « oui
il y pourra y avoir problème, on verra dans l’expérience, mais il est
possible que par le jeu des aléas, la dépense soit absorbée ».
Pour la CFDT, les agents ne doivent pas être touchés par cette opération de modifications des règles comptables. La CFDT et ses sections concernées seront donc vigilante durant ces expérimentations.
La concertation
La CFDT
a souhaité que des points d’étape s’effectuent régulièrement au
niveau national et que, localement, les CTPD soient réunis très
rapidement et régulièrement en insistant sur une nécessaire et complète
information des représentants syndicaux.
Les
sections concernées surveilleront le déroulement des expérimentations,
l’utilisation des crédits par le DSF, notamment la fongibilité, et
plus globalement le respect des règles de gestion des personnels qui ne
doivent en aucun cas être modifiées au nom de la loi organique.
L’esprit de la LOLF est la transparence et le compte-rendu, les DSF
doivent donc ne pas y déroger.
(*) L’article
7 de la LOLF prévoit un regroupement des crédits par « mission »,
correspondant à une « politique publique définie ». Le même
article prévoit qu’une « mission » peut relever de
services distincts et même de ministères distincts. Ces missions ne
peuvent être créées que par la loi. Le terme mission ne correspond pas
à celui que l’on emploie habituellement.
Chaque « mission »
comprend « un ensemble de programmes », chacun
regroupant « les crédits destinés à mettre en œuvre une
action ou un ensemble cohérent d’actions relevant d’un même ministère
et auquel sont associés des objectifs précis, définis en fonction de
finalités d’intérêt général, ainsi que des résultats attendus et
faisant l’objet d’une évaluation ». A titre indicatif, si
aucune liste de programmes n’a jamais circulée, en réponse à des
interventions parlementaires, le Ministre a évoqué l’éventualité de
100 à 150 programmes (contre 848 chapitres actuellement) pour
l’ensemble de l’Etat. Cette notion de programme a une portée pratique
essentielle puisqu’elle devient l’unité fondatrice du budget de l’Etat
(comme le chapitre budgétaire pouvait l’être jusqu’ici).