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Le
grand
chambardement
L'Hôtel des Impôts des Entreprises (HIE)
Cette réforme
concerne essentiellement l'Hôtel des Impôts (CDI
et recettes). Elle situe le débat sur le rapprochement
de l'assiette et du recouvrement et donc sur l'analyse de la
chaîne du travail. Il s'agit d'un vrai débat :
mieux assurer le contrôle des déclarations et de
leur paiement.
La mise en place du HIE s'accompagne d'un
resserrement du réseau. Lors du CTPC du 26 novembre 1999,
la DGI nous avait déjà annoncé «
qu'il faudra regrouper nos forces pour le bloc professionnel
». Certains DSF ont déjà rendu leur copie
sur la création des HIE avant même que Sautter
ne prenne ses décisions ?
Cela revient grosso modo
à regrouper les inspections spécialisées
sur un nombre réduit de sites (réduction de moitié,
voire plus, selon les départements). Ces DSF ont eu la
main lourde en oubliant, une fois de plus, la concertation avec
les organisations syndicales. Depuis, les deux directeurs de
la DGI et de la CP ont, le 3 février dernier, rappelé
aux DSF et aux TPG que, jusqu'à fin février, ils
ne devraient pas «entamer de travaux préparatoires
à l'élaboration des futurs schémas d'organisation
et de localisation».
Une concentration des inspections
spécialisées, même effectuée en douceur,
posera des problèmes de mutations d'office, d'éloignement
domicile/travail, de réduction des possibilités
de mutation, etc. En outre, elle contribuera à éloigner
encore plus les services du terrain contrairement à l'orientation
nationale de reconquête du terrain prônée
par le précédent directeur général.
Au delà, la création de plus grosses structures
entraînera un alourdissement de la pression hiérarchique
avec une batterie d'indicateurs de type DPA. Dans ces nouvelles
usines à fiscalité professionnelle, les relations
professionnelles et hiérarchiques risquent de se dégrader
au détriment du travail en équipes.
Le correspondant fiscal unique (CFU)
La mission 2003
met l'usager au centre de la réorganisation sur la base
des concepts front office et back office. Mais peut-on parler
d'usagers des impôts comme on parle d'usagers de l'hôpital
ou d'EDF ? La mission essentielle est d'établir les impôts
et de les contrôler, ce n'est pas d'offrir un service.
Pour cela, il existe les experts-comptables, les syndicats professionnels,
les Centres de gestion, les Chambres de Commerce, etc.
Il ne s'agit pas, pour autant, de faire l'économie de
l'amélioration de l'accueil et de négliger le
rôle d'information. Cela est d'ailleurs largement pris
en charge par les agents. L'exemple récent de la baisse
de la TVA sur les travaux immobiliers démontre que ni
la structure ni les agents ne sont en cause mais plutôt
l'incapacité de la DGI et du gouvernement à informer
correctement et en temps ses agents.
L'enquête de
la Mel et divers sondages montrent que les contribuables professionnels
se déplacent dans les centres des impôts surtout
à la demande du service. Le glissement sémantique
de contribuables ou redevables à usagers, pourquoi pas
clients, ne correspond ni aux réalités ni aux
attentes et ne constitue pas une solution aux difficultés
actuelles.
La notion de CFU doit s'examiner au regard de
la gestion et donc de la mission. L'objectif est d'assurer un
suivi global du dossier professionnel, qui prenne aussi en compte
le paiement et l'action en recouvrement. Ce qui permettrait
à la fois de réduire le nombre de correspondants
pour le contribuable et de mieux asseoir, contrôler et
recouvrer les impôts en question.
La mission 2003
enfonce des portes ouvertes. Mis à part le recouvrement
de l'IS et la TS, le redevable professionnel trouve dans le
même immeuble le correspondant assiette et recouvrement.
Il suffirait, cela se fait déjà, d'améliorer
les relations IFP/RPI, notamment par l'informatique.
Avant
de réformer les structures, il serait judicieux de revoir
l'architecture informatique, rappelant que la Mel a récemment
dressé un bilan désastreux de l'informatisation
des IFP.
L'une des difficultés dans la gestion des
dossiers BIC/IS et BNC est le lien avec le dossier IR. La coupure
définitive entre HIE et HIP accroîtra à
l'évidence cette dérive entraînant des problèmes
de liaisons plus aigus qu'actuellement.
Back office et front office
Les propositions
de BERT sur l'HIE ne prennent en compte ni les difficultés
de la législation, ni la multiplicité des procédures,
rendant impossibles la connaissance et la maîtrise par
un agent seul.
L'idée de travail en équipe
défendue par la Cfdt devrait être le soubassement
de toute évolution. On pourrait même parler d'équipes
pluridisciplinaires.
En la matière, la réponse
de l'HIE est en trompe-l'oeil. Le front office et le back office
vont diviser le travail sans atteindre les objectifs souhaités.
Le front office deviendra une cellule d'accueil sans réel
pouvoir de décision, renvoyant au back office le soin
de traiter les problèmes. Cette situation sera aggravée
par le fait qu'on y affectera les agents nouveaux ou sans expérience.
Selon Bert, les agents du front office devront être polyvalents,
savoir tout sur tout, être des généralistes
(comme des médecins généralistes selon
l'expression de Sautter). En fait, le front office risque d'être
logé à la même enseigne que les services
d'urgence des hôpitaux, de devenir le parent pauvre de
l'administration fiscale.
Le back office sera vite considéré
comme un service noble, auquel sera dévolu des fonctions
qui sont, ou devraient être, assumées par les services
de direction comme la législation et le contentieux.
Mais à l'intérieur même du back office,
la division entre tâches nobles et moins nobles s'installera
rapidement. Une partie des agents s'occupera des tâches
de gestion courante, l'autre partie traitera le CSP (l'expertise
!) et le contentieux. Cette organisation sera fatale à
l'esprit d'équipe.
Il est à noter que les
concepts back et front office sont quasiment abandonnés
dans le Privé. L'administration achète ses outils
managériaux à la brocante ?
L'Hôtel des Impôts des Particuliers (HIP)
A l'évidence,
le projet concerne la DGI et la CP, et touche les problèmes
d'emploi et d'implantation des réseaux. C'est certainement
là que les économies d'échelle sont le
plus attendues et que se trouve le gisement de suppressions
d'emplois. La mise en place de la 2042 express accéléra
le processus.
Le rôle de service public en direction
des contribuables salariés doit s'envisager de manière
différente. En effet ceux-ci ne disposent pas comme les
entreprises des mêmes possibilités de conseils.
En outre, les IAD et les trésoreries sont confrontées
aux populations en difficultés (gracieux et délais
de paiement). Les deux récentes mesures de gracieux,
effacement des dettes fiscales pour les ménages surendettés
dont l'un des membres est au chômage et traitement prioritaire
des demandes de gracieux des personnes en grande difficulté,
illustrent la charge et l'ampleur du travail de ces services.
La mission d'accueil est primordiale et délicate.
Les agents doivent à la fois revêtir les habits
d'assistants sociaux, tout en gardant ceux du contrôle
fiscal. L'accueil est un vrai métier. Une réflexion
sur son amélioration est donc nécessaire.
La CFDT demande d'ailleurs depuis longtemps à la DGI
d'ouvrir des discussions sur l'accueil qui prennent en compte
la formation des agents, l'aménagement des locaux et
l'organisation du travail.
Les agents des IAD subissent
la complexité croissante de la fiscalité qui déroute
les salariés. Ils doivent en outre faire face à
la montée de la pauvreté. La structure des prélèvements
et l'inégalité du système fiscal en sont
les causes. Or, le rapport Bert n'aborde pas ces problèmes
de fond.
Les modalités de la mise en place des HIP
sont floues, notamment la période transitoire de création
des trésoreries fiscales. Qui travaillera dans ces structures
et selon quelles règles de gestion ?
Rien n'est dit
sur l'avenir de la fiscalité immobilière. Ses
tâches seraient éclatées entre l'HIE et
le HIP. Le risque existe de voir l'ISF et les droits de succession
délaissés par la suppression des FI, sort qu'ont
connu à une autre époque les CI à la DGI.
Rien n'est dit non plus sur le Cadastre. En plus du projet
de liquidation de la mission topographique, des retombées
sur l'emploi, de la mise en oeuvre de FIDJI, il devra subir
les transferts de la TF dans les HIE et HIP.
Ce que propose
le ministre, c'est une réforme de structure par la fusion
des services IAD et recouvrement du Trésor, qui masque
mal une volonté de réduire les coûts. Bien
entendu, la situation actuelle n'est pas satisfaisante : les
salariés ne comprennent pas la différence entre
«les impôts» et «le percepteur».
Des solutions à coût social nul peuvent être
trouvées, notamment par la simplification de la législation
et des procédures et par la modernisation de l'informatique.
Il serait plus concluant de concevoir une architecture informatique
commune à la CP et à la DGI avant tout projet
de réformes.
Le souhait pressant du ministre de créer
des HIP avant 2003 juxtaposera des services d'assiette et de
recouvrement sans réelle dynamique. Le cloisonnement
restera la règle avec, pour les agents, les inconvénients
d'une réforme conduite à marche forcée
dans un contexte de suppression d'emplois. Les « usagers
» risquent, dans ces conditions, de ne pas y gagner grand
chose.
Les domaines
Les attributions des inspections domaniales (ainsi que la DNID) seront transférées, dans le cadre d'un troc, à la CP, devenue la nouvelle direction de la gestion de la dépense. Ce transfert éloignera les inspections de la source fiscale. Le flou reste pour l'instant la règle.
L'action doit continuer
La structure et
l'implantation des actuels Hôtels des Impôts datent
de la fin des années soixante. Il n'est donc pas choquant
de les faire évoluer.
Mais la méthode heurte
: elle consiste à tout décider d'en haut en pensant
qu'une réforme de structure résoudra à
elle seule les problèmes.
Le Ministre parle de concertation
avec les personnels, les syndicats et les élus locaux.
Après l'échec de la réunion du 10 février,
les discussions sont maintenant renvoyées au niveau local.
La mobilisation des personnels doit donc continuer.